Titre : | Parages | Type de document : | texte imprimé | Auteurs : | Jacques Derrida, Auteur | Editeur : | Paris : Galilée | Année de publication : | 2003 | Collection : | La Philosophie en effet | Importance : | 1 vol. (299 p.) | Format : | 24 cm | ISBN/ISSN/EAN : | 978-2-7186-0624-8 | Note générale : | Bibliogr. p. 301 | Langues : | Français | Catégories : | Blanchot, Maurice (1907-2003) Esthétique Philosophie
| Résumé : | « Ne faudrait-il pas, allant contre l’usage, dire en premier lieu la disparité ? Dissemblables et discontinus, alliés ou reliés, ces écrits paraissent ensemble néanmoins. Sans doute cherchent-ils à décrire un seul et même mouvement. Procédant en vue d’une œuvre unique, celle de Maurice Blanchot, ils tenteraient ainsi de l’approcher, même s’ils doivent renoncer à l’aborder.Tous furent écrits et publiés, dans leur première version, entre 1975 et 1979, à l’exception du dernier – constituant l’ajout à cette réédition –, celui de l’hommage rendu à Maurice Blanchot lors de sa disparition, en mars 2003. Au cours de ces années 1975-1979, j’avais cru relire les œuvres de fiction de Maurice Blanchot. En vérité, je les découvrais. Appelons-les encore fictions par commodité. Elles portent parfois la mention de récit, ailleurs celle de roman. Il arrive que ce signe d’appartenance n’apparaisse pas ou s’efface d’une version à l’autre, d’une édition à l’autre. Ces fictions, donc, je croyais les avoir déjà lues. Au moment de publier ces essais, j’en suis moins sûr que jamais. D’autres œuvres de Blanchot m’accompagnent depuis longtemps, celles que l’on situe, aussi improprement, dans les domaines de la critique littéraire ou de la philosophie. Non qu’elles me soient, elles, devenues familières ; du moins avais-je pu croire, au cours des années dont je parle, y avoir reconnu un mouvement essentiel de la pensée. Mais les fictions me restaient inaccessibles, comme plongées dans une brume d’où ne me parvenaient que de fascinantes lueurs, et parfois, à intervalles irréguliers, la lumière d’un phare invisible sur la côte. Je ne dirai pas que de cette réserve désormais les voici sorties, bien au contraire. Mais dans leur dissimulation même, elles se sont de nouveau présentées à moi. Avec une force maintenant inéluctable, la force la plus discrète et donc la plus provocatrice, force de hantise et de conviction, injonction d’une vérité sans vérité, toujours au-delà de la fascination dont on parle à leur sujet. Cette fascination, elles ne l’exercent pas. Elles la traversent, la décrivent, la donnent à penser plutôt qu’elles n’en usent ou n’en jouent. Mais avant de parler d’une loi de la fascination, nous devrons être attentifs à une fascination de la loi. »J. D. |
Parages [texte imprimé] / Jacques Derrida, Auteur . - Paris : Galilée, 2003 . - 1 vol. (299 p.) ; 24 cm. - ( La Philosophie en effet) . ISBN : 978-2-7186-0624-8 Bibliogr. p. 301 Langues : Français Catégories : | Blanchot, Maurice (1907-2003) Esthétique Philosophie
| Résumé : | « Ne faudrait-il pas, allant contre l’usage, dire en premier lieu la disparité ? Dissemblables et discontinus, alliés ou reliés, ces écrits paraissent ensemble néanmoins. Sans doute cherchent-ils à décrire un seul et même mouvement. Procédant en vue d’une œuvre unique, celle de Maurice Blanchot, ils tenteraient ainsi de l’approcher, même s’ils doivent renoncer à l’aborder.Tous furent écrits et publiés, dans leur première version, entre 1975 et 1979, à l’exception du dernier – constituant l’ajout à cette réédition –, celui de l’hommage rendu à Maurice Blanchot lors de sa disparition, en mars 2003. Au cours de ces années 1975-1979, j’avais cru relire les œuvres de fiction de Maurice Blanchot. En vérité, je les découvrais. Appelons-les encore fictions par commodité. Elles portent parfois la mention de récit, ailleurs celle de roman. Il arrive que ce signe d’appartenance n’apparaisse pas ou s’efface d’une version à l’autre, d’une édition à l’autre. Ces fictions, donc, je croyais les avoir déjà lues. Au moment de publier ces essais, j’en suis moins sûr que jamais. D’autres œuvres de Blanchot m’accompagnent depuis longtemps, celles que l’on situe, aussi improprement, dans les domaines de la critique littéraire ou de la philosophie. Non qu’elles me soient, elles, devenues familières ; du moins avais-je pu croire, au cours des années dont je parle, y avoir reconnu un mouvement essentiel de la pensée. Mais les fictions me restaient inaccessibles, comme plongées dans une brume d’où ne me parvenaient que de fascinantes lueurs, et parfois, à intervalles irréguliers, la lumière d’un phare invisible sur la côte. Je ne dirai pas que de cette réserve désormais les voici sorties, bien au contraire. Mais dans leur dissimulation même, elles se sont de nouveau présentées à moi. Avec une force maintenant inéluctable, la force la plus discrète et donc la plus provocatrice, force de hantise et de conviction, injonction d’une vérité sans vérité, toujours au-delà de la fascination dont on parle à leur sujet. Cette fascination, elles ne l’exercent pas. Elles la traversent, la décrivent, la donnent à penser plutôt qu’elles n’en usent ou n’en jouent. Mais avant de parler d’une loi de la fascination, nous devrons être attentifs à une fascination de la loi. »J. D. |
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