[n° ou bulletin] est un bulletin de / Lionel BovierTitre : | N°14 - Novembre 2024 | Type de document : | texte imprimé | Année de publication : | 2024 | Langues : | Français | Résumé : | La collection est un élément structurant de tout musée : elle est souvent à l’origine de ses expositions qui, si possible, l’enrichissent en retour – sinon physiquement, en tout cas scientifiquement. Pourtant, elle est encore majoritairement construite sur de vieux modèles de représentation. En effet, avant d’être un ensemble d’objets réunis par les circonstances, les moyens et les goûts de telle ou telle structure, elle est l’expression de choix historiques qui articulent la somme de ses rencontres. Avant d’être les trophées d’une ville ou d’un état, elle est une réserve de récits qui dépassent ses frontières. Et, avant d’être une liste de noms et d’items de différentes techniques, elle est la résultante d’un concept de développement.
Ce numéro spécial de notre « Journal » revient sur l’historique singulier de la collection du MAMCO et ses lignes de force actuelles, tout en présentant 25 corpus monographiques parmi les nombreux ensembles constitués au fil des ans. La parution de ce numéro 14 coïncide aussi avec l’organisation d’une exposition intitulée « Le MAMCO, de mémoire », basée sur un principe participatif. C’est en effet le public qui a choisi les éléments rendus visibles de ce projet, en sélectionnant, par un millier de votes les quelques 500 œuvres de la collection présentées dans l’ensemble des espaces du musée cet automne. L’exposition est ainsi un retour public sur nos collections et un portrait collectif de l’institution genevoise : chacun.e aura choisi, parmi ses souvenirs, ses engagements ou ses découvertes l’une des œuvres qui définissent aujourd’hui une partie de l’identité du MAMCO.
Ce projet marque également la fin d’une période de 30 ans pour le musée : « Le MAMCO, de mémoire » devrait en effet être la dernière exposition dans le bâtiment avant sa rénovation. Après plusieurs années hors site, qui verront se mettre en place une autre forme de programmation, le MAMCO réintègrera le bâtiment de l’ex-complexe industriel de la SIP, mis aux normes muséales, restructuré pour l’accueil des publics et munis d’équipements qui lui ont toujours fait défaut. L’exposition s’entend donc aussi comme un hommage à celles et ceux qui ont voulu, créé et accompagné le développement du musée et de sa collection ces trois dernières décennies – soit l’addition d’efforts citoyens pour qu’existe à Genève un lieu patrimonial dédié à l’art de notre temps.
Enfin, cette exposition et les perspectives de transformation que dessine la rénovation, nous invitent à réfléchir, pendant ces prochaines années, sur la collection, ses points forts aussi bien que ses lacunes, ses méthodes d’enrichissement et ses champs d’extension. Pour ce faire, nous formons le vœu que s’impose une vision différente des questions patrimoniales, tant sur le plan local que national. En postulant la collection comme une ressource commune, plutôt qu’un trésor qui détermine l’importance d’un musée ; en travaillant à une véritable mise en réseau des collections publiques suisses ; et en imaginant même la possibilité d’une politique synergique entre celles-ci. Est-il nécessaire, par exemple, que chaque musée tente de collectionner les mêmes artistes ou peut-on considérer comme suffisant que l’une ou l’autre des terminaisons de ce réseau ait déjà réuni un ensemble significatif sur tel ou tel mouvement ou tel.le ou tel.le artiste ? Peut-on opérer des mises en commun efficaces de ces ressources, au-delà des juridictions municipales ou étatiques ?
Pourrait-on concevoir une plateforme qui permette aussi, dans le futur, de recevoir d’importantes collections au bénéfice de l’ensemble des musées suisses, plutôt que l’un ou l’autre d’entre eux ? Voilà quelques prémisses des discussions que nous souhaitons engager avec nos collègues dans le futur. Si nous pouvons espérer qu’elles trouveront ici ou là un accueil favorable, nous pouvons gager qu’elles feront aussi l’objet de débats animés – ce qui, dans le domaine culturel, reste toujours une forme productive et souhaitable. (source éditeur) |
[n° ou bulletin] est un bulletin de / Lionel BovierN°14 - Novembre 2024 [texte imprimé] . - 2024. Langues : Français Résumé : | La collection est un élément structurant de tout musée : elle est souvent à l’origine de ses expositions qui, si possible, l’enrichissent en retour – sinon physiquement, en tout cas scientifiquement. Pourtant, elle est encore majoritairement construite sur de vieux modèles de représentation. En effet, avant d’être un ensemble d’objets réunis par les circonstances, les moyens et les goûts de telle ou telle structure, elle est l’expression de choix historiques qui articulent la somme de ses rencontres. Avant d’être les trophées d’une ville ou d’un état, elle est une réserve de récits qui dépassent ses frontières. Et, avant d’être une liste de noms et d’items de différentes techniques, elle est la résultante d’un concept de développement.
Ce numéro spécial de notre « Journal » revient sur l’historique singulier de la collection du MAMCO et ses lignes de force actuelles, tout en présentant 25 corpus monographiques parmi les nombreux ensembles constitués au fil des ans. La parution de ce numéro 14 coïncide aussi avec l’organisation d’une exposition intitulée « Le MAMCO, de mémoire », basée sur un principe participatif. C’est en effet le public qui a choisi les éléments rendus visibles de ce projet, en sélectionnant, par un millier de votes les quelques 500 œuvres de la collection présentées dans l’ensemble des espaces du musée cet automne. L’exposition est ainsi un retour public sur nos collections et un portrait collectif de l’institution genevoise : chacun.e aura choisi, parmi ses souvenirs, ses engagements ou ses découvertes l’une des œuvres qui définissent aujourd’hui une partie de l’identité du MAMCO.
Ce projet marque également la fin d’une période de 30 ans pour le musée : « Le MAMCO, de mémoire » devrait en effet être la dernière exposition dans le bâtiment avant sa rénovation. Après plusieurs années hors site, qui verront se mettre en place une autre forme de programmation, le MAMCO réintègrera le bâtiment de l’ex-complexe industriel de la SIP, mis aux normes muséales, restructuré pour l’accueil des publics et munis d’équipements qui lui ont toujours fait défaut. L’exposition s’entend donc aussi comme un hommage à celles et ceux qui ont voulu, créé et accompagné le développement du musée et de sa collection ces trois dernières décennies – soit l’addition d’efforts citoyens pour qu’existe à Genève un lieu patrimonial dédié à l’art de notre temps.
Enfin, cette exposition et les perspectives de transformation que dessine la rénovation, nous invitent à réfléchir, pendant ces prochaines années, sur la collection, ses points forts aussi bien que ses lacunes, ses méthodes d’enrichissement et ses champs d’extension. Pour ce faire, nous formons le vœu que s’impose une vision différente des questions patrimoniales, tant sur le plan local que national. En postulant la collection comme une ressource commune, plutôt qu’un trésor qui détermine l’importance d’un musée ; en travaillant à une véritable mise en réseau des collections publiques suisses ; et en imaginant même la possibilité d’une politique synergique entre celles-ci. Est-il nécessaire, par exemple, que chaque musée tente de collectionner les mêmes artistes ou peut-on considérer comme suffisant que l’une ou l’autre des terminaisons de ce réseau ait déjà réuni un ensemble significatif sur tel ou tel mouvement ou tel.le ou tel.le artiste ? Peut-on opérer des mises en commun efficaces de ces ressources, au-delà des juridictions municipales ou étatiques ?
Pourrait-on concevoir une plateforme qui permette aussi, dans le futur, de recevoir d’importantes collections au bénéfice de l’ensemble des musées suisses, plutôt que l’un ou l’autre d’entre eux ? Voilà quelques prémisses des discussions que nous souhaitons engager avec nos collègues dans le futur. Si nous pouvons espérer qu’elles trouveront ici ou là un accueil favorable, nous pouvons gager qu’elles feront aussi l’objet de débats animés – ce qui, dans le domaine culturel, reste toujours une forme productive et souhaitable. (source éditeur) |
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